Résumé
L'ARRIÈRE-SAISON garde en mémoire les
effluves de la saison qui s'achève tout en s'imprégnant
déjà de celle qui va suivre. La vie porte ainsi ces
instants charnières qui ne sont plus vraiment et qui ne sont
pas encore. C'est dans l'un de ces moments, propices à la
solitude comme à la rencontre, à la mémoire mais
aussi à la découverte, que Gérard Glameau a
écrit ce recueil, fait de textes courts dont chacun
résonne comme un moellon de cet édifice complexe qu'est
la vie. Un ouvrage à déguster comme un sorbet
fruité, à laisser fondre lentement pour en
apprécier tout le parfum.
Préface
de Jean-Pierre Majzer
En nous offrant ce
second recueil, Gérard Glameau nous ouvre une nouvelle fois sa
porte et son coeur. Comme Eluard, il nous « donne à
voir ». Mais au-delà des apparences.
En effet, quelle est
cette « Arrière-saison » ? De prime abord,
l'ambivalence du titre retient l'attention, et la Table des
matières annonçant quatre
« Livres » suggère d'étranges
rapports entre chaque partie et le tout. Si le premier
« Livre » est un « Retour sur une
vie » avec ses « Fragments » -
véritable mémoire des sens - le second est
consacré aux « Objets », aux « Lieux
de vie... ou de passage ». Il nous fait entrer dans un
espace de vérité qui nous serait presque familier. Le
"pays" du poète n'est-il pas aussi le nôtre ?
D'ailleurs, ces « Rencontres de chaque jour ou simplement
furtives » du troisième
« Livre », à la fois singulières et
décisives, sont-elles si différentes de celles que nous
avons vécues ? On serait tenté de voir dans le
classement alphabétique des poèmes du dernier
« Livre » un simple "Amusement". Ce serait
oublier qu'humour et sagesse imprègnent la méditation
philosophique de cet « Etat des lieux », constat sans
concession de nos élans divers.
Dans l'aventure du
langage et de l'être, reste à ne pas confondre la
progression et le but, l'ascension et le sommet. Tous ces
poèmes en prose sont d'une rare densité et d'un
réel modelé. Apparemment nés d'une seule
coulée de texte, ils sont en réalité
sculptés dans la langue, avec leur rythme, leur pouvoir de
suggestion et d'émotion. Aucun n'est isolé. Chacun
apporte sa pierre et sa preuve à l'ouvrage qui est
épreuve du temps. "Le vieil arbre" est l'arbre de vie auquel
s'identifie le poète. Il inaugure le recueil qui nous donne
ses beaux fruits d'automne. Quant au dernier poème,
intitulé "Vision", il promet d'autres saisons en associant le
lecteur à l'acte de création.
Homme de science et
de conscience, authentique poète attentif aux êtres, aux
choses, à la terre, Gérard Glameau sait qu''l faudra
toujours « remettre le chaume à neuf ».
Tout est toujours à recommencer « à petites
doses », à « petites touches »,
« à petits coups de mots ». Non pas seul,
mais « à la lumière des
existences ». Les "pierres de langue" qu'il travaille,
assemble, sème, sont autant de témoins de la vie qui
passe. Elles sont exigence de lucidité et de tendresse. Elles
changent le regard et donnent sens à l'amour. Qui pourrait
refuser « ce chemin du bonheur », cette
invitation à ne pas tarder d'aimer ?
Jean-Pierre MAJZER